Les femmes de l’Amérique
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VERSION FRANCAISE
Les femmes de l’Amérique
Pendant l’ère coloniale américaine (1607-1776), les conditions de vie des femmes en Amérique reflètent la diversité des populations et diffèrent selon plusieurs facteurs. Leur couleur de peau, leur statut, leur classe sociale ou encore leur lieu d’habitation influencent leur vécu.
Les conditions de vie : une question de couleur de peau ?
La couleur de peau a des conséquences directes sur le quotidien des femmes. Entre les 17e et 18e siècles, il est communément admis que les femmes blanches doivent rester à la maison, s’occuper des tâches ménagères et des enfants. Quant aux femmes noires, elles sont pour la majorité esclaves. Leurs rôles oscillent entre celui de mère et leurs obligations de répondre aux besoins des propriétaires et des plantations. L’inégalité entre femmes blanches et femmes noires est particulièrement visible dans le système judiciaire. Les esclaves n’ont pas le droit de porter plainte puisqu’elle n’ont pas de droits tout court. Il est en effet difficile de gagner sa liberté dans un système conçu pour vous asservir.
Les conditions de vie : une question de statut ?
Le statut social a aussi des conséquences directes sur le quotidien des femmes. En effet, au 18e siècle, les femmes mariées n’ont pas le droit de posséder des biens en leur nom propre et ne peuvent pas voter. Elles dépendent entièrement de leur époux et deviennent en quelque sorte leur “propriété”. Les veuves ont par conséquent bien plus de contrôle sur leur propre vie. Elles peuvent créer leur propre entreprise et gagner leur propre argent. La plupart des veuves préfèrent donc souvent le rester plutôt que de se remarier et dépendre à nouveau d’un homme.
Les femmes blanches, simples mères au foyer ?
Au début de la colonisation par les Anglais, la population est fortement déficitaire en femmes, parce qu’il faut de la main-d’œuvre masculine, et cela, que ce soit dans les colonies continentales ou aux Antilles. Toutefois, certaines d’entre elles, comme Petersburg en Virginie, sont composées de plus de femmes libres que d’hommes libres, jusqu’à atteindre un ratio de 3:2 à la fin du 18ème siècle. Initialement, hommes et femmes travaillent à la construction et au développement des colonies, mais à mesure que les colonies se développent, les hommes travaillent davantage dans les champs, tandis que les femmes tiennent le foyer et éduquent les enfants. La vie dans les colonies est donc divisée en deux : les hommes subviennent aux besoins de la famille et voient leur travail valorisé socialement, alors que les femmes sont cantonnées au foyer, et voient leur travail - peu, voire pas rémunéré - considéré comme la seule fonction qui leur incombe “naturellement”.
Jane Vobe : une veuve et ses tavernes
Jane Vobe est une femme blanche née en 1733 dans la colonie de Williamsburg. À partir de 1751, elle devient propriétaire de sa propre taverne. Malgré son statut de femme mariée, Jane n’a pas l’intention de se cantonner aux tâches ménagères et préfère gérer son affaire dans la colonie. Jane est aussi propriétaire d’esclaves. Grâce au succès de son affaire, elle peut en envoyer certains à l’école et donner aux autres une éducation religieuse. Nommée “At the Sign of King’s Arms”, sa taverne était bien connue des gouvernants, comme George Washington ou Thomas Jefferson, qui s’y réunissaient régulièrement pour discuter de la Révolution Américaine.
Phillis Wheatley : mère de la littérature africaine américaine
Née en 1753 dans l’actuel Sénégal ou Gambie, elle n’a que 7 ans quand elle est forcée d’embarquer dans un négrier dont elle portera plus tard le nom, Phillis. Malgré son jeune âge, elle survit à la traversée et est achetée par la famille Wheatley. Bien qu’elle soit esclave, les Wheatley décident de lui donner une éducation et l’initient, non seulement à l’anglais, mais aussi au latin et au grec. A l’âge de 13 ans, elle publie son premier poème. Elle se fait rapidement un nom parmi les intellectuels de Boston, où elle vit et mourra à l’âge de 30 ans. Bien que ses poèmes ne soient pas explicitement abolitionnistes, sa condition de femme noire libre dans une société elitiste blanche inspirera de nombreuses personnes quand viendra le temps de la Révolution Américaine (1775-1783).
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ENGLISH VERSION
Women in the Americas
American women’s conditions during the colonial era (1607-1776) reflect the diversity of population and varied according to several factors. Depending on their origin, status, social class and where they actually lived, women had different experiences.
Living conditions : a question of skin color and social status ?
Skin colour and status had very direct consequences on the living conditions of women. Between the 17th and 18th century, it was commonly accepted that white women were expected to stay at home, taking care of household chores and children. As for Black women, the majority of them were enslaved. Their roles varied between the one of a mother and their obligation to meet the needs of their owners and the plantations they toiled in. Inequality was especially true when it comes to the judicial system. Black women weren’t allowed to go to court because they didn’t have any rights. It was very difficult to be free in a system where everything was designed to imprison you.
How did social status affect women’s daily lives ?
Women’s daily life and experience were also influenced by their social status. Women could not own property in marriage and could not vote. The life of married women highly depended on their husbands. Once they were married, women became entirely the legal property of their spouse. Widowed women had a bit more control over their own lives. They could own a business and gain money for themselves. Many widows chose to remain so, if they could, rather than re-marry and live under another man’s control.
White women, stay-at-home mothers only ?
At the beginning of English colonization, there was a serious demographic imbalance, with a majority of men, both in the mainland colonies and in the West Indies, because male labor was more needed. However, both women and men worked to build the colonies. In some settlements, like in Petersburg, Virginia in the late 18th century, there were even more free women than free men by a ratio of 3:2. As the colonies developed and became fruitful, women were more needed in the house than in the fields. Their role was to take care of their home and children. In a typical colonial era household, the man was seen as the breadwinner, whereas the woman’s work was considered extraneous and seen as the only function they were “naturally” able to provide.
Jane Vobe : the tavern business of a widow
Jane Vobe was born in 1733 in the settlement of Williamsburg, Virginia. Around 1751 she started managing her own tavern. Even if she was married, she had no intention of sticking to houseworks and ran her own flourishing business in the colony. To help at the tavern, she owned slaves and even owned enough money to send some of them to school or give others a religious education. Her tavern, named “At the Sign of King’s Arms”, was a famous gathering place for governors to discuss the American Revolution. People like George Washington or Thomas Jefferson visited.
Phillis Wheatley : the mother of African American literature
Born in 1753 in today’s Senegal or Gambia, she was seven or eight years old when she was forced onto a slave ship of which she would then take the name, Phillis. She survived the crossing and was rapidly bought by the Wheatley family. Even though Phillis was a slave, the Wheatley acknowledged her talent for languages and educated her to not only English, but also Latin and Greek. At only 13 years old, she published her first poem. She would make a name for herself among the intellectuals of Boston, where she would live and die at the age of 30. Though her poems were not explicitly abolitionist, her condition in this white elitist society as a free Black woman inspired people when the time of the American Revolution came (1775-1783).
Ecrit par / Written by Laurine Lemmer and Roxane Bauquier
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